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Collections françaises

page crée: 28/2/09 Dernière mise à jour: 28/2/09

Explorations françaises en Asie centrale

Masib, Ahmad, Haji, Abdullah,  bandits de Karakhoja, devant les abris de Panopa.

Durant le XIXe siècle, la France a monté un nombre croissant d'expéditions dans diverses régions de l'Asie, du Vietnam à l'Himalaya. Il s'agissait au départ d'entreprises à vocation essentiellement géographique et scientifique : on partait pour tracer des routes nouvelles dans des territoires encore vierges, pour collecter des échantillons de la flore et de la géologie locales. Les membres de ces expéditions connaissaient de rudes épreuves : maladies, températures glaciales, hostilité de certaines populations locales et parfois de bandits. Au fil du temps, les expéditions ont eu tendance à se faire davantage pluridisciplinaires, intégrant peu à peu les dimensions culturelles des civilisations présentes et passées. Les multiples découvertes étaient systématiquement expédiées à Paris à des fins de recherche, ce qui a permis d'enrichir et de confirmer les connaissances en matière de botanique, géologie, topographie, cartographie, ethnographie, archéologie, linguistique. Ces explorateurs (dont certains sont mentionnés dans les paragraphes suivants) ont ouvert la voie aux fouilles que Paul Pelliot et d'autres mèneront sur la Route de la Soie au tournant du vingtième siècle.

Parmi les explorateurs du XIXe siècle, citons des géologues et des naturalistes comme Victor Jacquemont (1801-1832), premier Français à parcourir l'Inde sous domination anglaise. De 1828 jusqu'à sa mort en 1832, Jacquemont a traversé la totalité du sous-continent, jusque dans les derniers recoins de l'Himalaya. Il a décrit en détail la faune, la flore et le climat des régions traversées, découvert de nouvelles espèces de plantes et de mammifères. Sa correspondance et ses publications posthumes ont beaucoup influencé le monde savant en France.

Dans les années 1840, deux missionnaires catholiques, Évariste Huc (1813-1860) et Joseph Gabet (1808-1853) pénètrent en Mongolie et au Tibet, habillés en lamas. En 1846, ils atteignent la capitale du Tibet, Lhassa, cité alors interdite aux étrangers. Huc parlait couramment le chinois et avait étudié le bouddhisme. Au cours de ses éprouvantes pérégrinations, il avait pris quelques notes, mais c'est au retour qu'il écrivit de nombreux ouvrages qui lui valurent un vif succès populaire en France et à l'étranger.

Avant la fin du XIXe siècle, Gabriel Bonvalot (1853–1933) et son mécène, le Prince Henri d'Orléans, avaient entrepris leur formidable périple jusqu'à Hanoï à travers le Turkestan chinois et le Tibet (1889-1891), procédant en route à des relevés topographiques et zoologiques. Jules Dutreuil de Rhins (1846-1894) avait cartographié le territoire du Vietnam et, en compagnie de Fernand Grenard (1866–?), suivi des voies difficiles, et souvent inconnues, à travers le Khotan, le Turkestan chinois, la Mongolie et le Tibet. De Rhins fut assassiné au Tibet en 1984, mais Grenard parvint à rentrer avec une spectaculaire collection de spécimens géologiques et archéologiques, de photographies et de cartes, ainsi que des relevés astronomiques, barométriques et autres qui devaient faire par la suite l'objet de publications détaillées.

Au début du XXe siècle, les Français rivalisent avec les Anglais, les Russes, les Allemands et les Américains pour asseoir leur présence en Asie. En 1900, la révolte des Boxers contre les influences chrétiennes et occidentales en Chine attire les troupes étrangères, les journalistes et les aventuriers à Pékin. Parmi eux se trouvait Paul Pelliot, un jeune sinologue français, qui avait été envoyé en mission à Pékin par l'École française d'Extrême-orient.

L'expédition Pelliot

Paul Pelliot, sinologue (1878-1945)

L'année 1901 voit naître à Hanoï l'École Française d'Extrême Orient (EFEO), dont l'objectif est d'étudier le patrimoine archéologique et linguistique de la région. Le sinologue Paul Pelliot (1878-1945) en fait partie. En 1905, il est choisi pour mener une mission française en Asie centrale, avec notamment comme destinations les oasis de Kucha (Koutcha) et de Dunhuang.

Pelliot s'exprime couramment en chinois, ainsi qu'en plusieurs autres langues parlées en Asie centrale. Il est personnellement chargé des aspects archéologiques, historiques et linguistiques de la mission. Il est accompagné d'un médecin militaire, le Docteur Louis Vaillant, responsable de la topographie, de l'astronomie et de l'histoire naturelle, et d'un photographe, Charles Nouette. Ils quittent Paris en train le 15 juin 1906 et arrivent dix jours plus tard à Tachkent. De là, ils poursuivent par le chemin de fer local jusqu'à Andijan, lieu à partir duquel ils préparent matériellement leur expédition. Le 11 août, ils se mettent en route, avec deux cosaques et trente chevaux. Ils allaient voyager ainsi à cheval pendant plus de deux ans.

Leur première destination, à la fin août 1906, est Kashgar, où le Britannique Aurel Stein les a précédés au mois de juin. En six semaines de fouilles à Kashgar, Pelliot va recueillir de nombreux manuscrits. Il visite les sites des trois grottes et les ruines de Tegurman. Pendant son séjour, il apprend que les grottes bouddhiques de Kucha ont déjà été visitées, quelques mois plus tôt, par les Allemands, les Japonais et les Russes. Le 18 octobre, l'expédition repart vers l'Est, parcourt trois cents kilomètres et, après deux semaines, parvient aux ruines du site monastique de Tumshuk, où Sven Hedin était déjà passé, mais où Pelliot met au jour un sanctuaire bouddhique jusque-là ignoré. Le 15 décembre, départ pour Kucha, où la mission arrive le 2 janvier 1907. Laissant de côté les vestiges bouddhiques déjà visités par ses prédécesseurs, Pelliot concentre d'abord ses efforts, entre le 16 mars et le 22 mai 1907, sur le site de Douldour-Âqour, au sud de Kucha, près de Kumtura. Parmi ses découvertes, environ deux cents fragments en langue chinoise, ainsi que les premiers manuscrits en écriture brâhmî, tout ce qui restait de la bibliothèque d'un monastère incendié. Dans la région de Soubashi, au nord-est de Kucha, Pelliot recueille entre le 10 juin et le 24 juillet d'autres fragments, dont deux cent huit manuscrits rédigés en sanskrit (Udarnavarga) sur écorce de peuplier. À Saldirang, ce sont des permis de caravane et des lamelles de bois portant des inscriptions en tokharien B ou tokharien occidental, la langue disparue de Kucha.

Après avoir passé huit mois à Kucha, l'expédition passe par Urumqi puis se rend à Dunhuang. Elle y restera du 12 février au 7 juin 1908. La mission établit son campement au pied du site rupestre de Mogaoku, dresse le plan et explore les quelque cinq cents grottes communément appelées "Grottes des mille Bouddhas", ornées de peintures murales dont les plus anciennes remontent au IVe siècle. Stein, pourtant le premier Occidental à visiter ces grottes, n'y avait pas mené de recherches poussées, concentrant ses efforts sur la "Grotte aux manuscrits" (grotte 17). Pelliot et Nouette entreprennent d'inventorier méthodiquement l'intérieur de chacune des grottes de Mogaoku, procédant à des relevés épigraphiques et photographiques détaillés. Le 3 mars, Pelliot reçoit l'autorisation de pénétrer dans la grotte 17, où il découvre un entassement de plusieurs dizaines de milliers de manuscrits, essentiellement en chinois et en tibétain, mais aussi en sanskrit et en ouïgour, ainsi que de grandes peintures sur soie, sur chanvre et sur papier. Pelliot consacre trois semaines entières à l'examen de chaque rouleau de cette cache. Il y opère une sélection de textes religieux, profanes et locaux qu'il juge intéressants par leur nouveauté ou leur valeur linguistique. Il acquiert aussi des statues et des peintures sur soie.

En juin 1908, l'expédition reprend la route, et touche Xi'an le 28 septembre 1908. La mission s'y arrête un mois au cours duquel Pelliot fait l'acquisition de divers objets et peintures ainsi que d'un ensemble de plusieurs milliers de feuillets des estampages de la Forêt des Stèles (Beilin). Après avoir chevauché pendant presque deux ans, Pelliot et ses collègues peuvent reprendre le train à partir de Zhengzhou. Vaillant rentre aussitôt en France par voie de mer, avec les caisses contenant leurs découvertes, mais Pelliot et Nouette vont visiter et photographier des collections d'art, à l'invitation d'un grand collectionneur chinois. Pelliot retournera seul à Pékin, où il présentera sa sélection des plus précieux manuscrits à des chercheurs et érudits chinois. C'est grâce à lui que le monde savant de Pékin prend conscience de l'importance que revêt la découverte de la Grotte aux manuscrits de Dunhuang, et crée un comité qui fera pression sur le gouvernement, pour qu'il envoie ses représentants récupérer le reliquat des manuscrits de la grotte 17 (voir les collections chinoises). Avant de quitter la Chine pour la France, Pelliot consacre du temps à l'acquisition, pour la Bibliothèque nationale de Paris, de trente mille volumes destinés à constituer une véritable bibliothèque sinologique moderne.

À Paris, les livres et les manuscrits sont déposés à la Bibliothèque nationale ; quant aux autres découvertes (statues, fresques, objets, et plus de deux cents peintures et bannières), une grande partie sera conservée - et exposée - au Louvre, d'autres œuvres seront offertes à Émile Guimet. Les objets du Louvre gagneront tous le musée Guimet entre 1945 et 1946. Le Muséum d'Histoire naturelle recevra tous les spécimens, dont un herbier de huit cents plantes, deux cents oiseaux, des mammifères, des insectes et des échantillons géologiques.

Peu après son retour de Chine à la fin de 1909, Pelliot entreprend un inventaire sommaire des manuscrits en chinois. Mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale, il ne reprendra ce travail que vers 1920. Une version de cet inventaire partiel sera traduite en chinois et paraîtra en 1923. Pelliot publie également de très nombreux articles et études savantes qui font toujours autorité, notamment sur le manichéisme et le nestorianisme en Chine. Ses collègues travaillent sur les fonds en tibétain et dans les autres langues. C'est une tâche longue et ardue : l'inventaire du fonds chinois sera complété en 1932 par Naba Toshisada puis, un peu plus tard, par Wang Zhongmin. La rédaction d'un véritable catalogue descriptif de la collection chinoise est entreprise par une équipe de chercheurs à partir de 1952 : tous les volumes, sauf celui portant sur la tranche des manuscrits 2501 à 3000, ont été publiés. L'Inventaire du fonds tibétain entrepris par Marcelle Lalou est publié entre 1939 et 1961, mais il demeure incomplet : la Bnf est actuellement en train de l'achever. Un important travail de catalogage a également été réalisé sur les collections de manuscrits en sanskrit, ouïgour, et autres langues, conservés à la Bnf. Ces catalogues sont aujourd'hui informatisés et consultables sur le site de la BnF. Et pour ce qui concerne les objets, toutes les statues, peintures et photographies ont été cataloguées, et, pour nombre d'entre elles, publiées.

Contenu, accès

Dynastie Tang (618-907), danseuse.

Les trente mille volumes imprimés et l'ensemble des manuscrits rapportés de son expédition par Pelliot sont conservés dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France. Les objets ont été déposés au Musée Guimet, qui est également dépositaire de toutes les photographies prises par Nouette, ainsi que des journaux de voyage de Pelliot et des autres archives.

1. Bibliothèque nationale de France (BnF)

1.1. Collections de la BnF

La collection de manuscrits provient pour l'essentiel de la Grotte aux manuscrits de Dunhuang. Elle comprend de nombreux textes profanes, qui permettent d'approfondir la connaisance de l'histoire économique, sociale et juridique de la Chine médiévale. En outre, la BnF conserve une centaine de pièces de monnaie, datées des VIIe et VIIIe siècle, qui proviennent de l'oasis de Kucha. La Collection des manuscrits Pelliot de la BnF est classée par langue et répartie entre plusieurs fonds :

1.2 Accès à la BnF

L'ensemble de la collection Pelliot est conservé au Département des Manuscrits de la BnF (58, rue de Richelieu, au centre de Paris). Tous les manuscrits ont été microfilmés en noir et blanc, publiés en fac-similés et récemment numérisés en couleurs, ce qui évite de manipuler trop souvent ces documents très fragiles. Ils sont consultables sur le site IDP et dans Gallica, sur le site de la BnF. Les imprimés et les estampages rapportés par Pelliot, ainsi que les livres de sa collection personnelle, sont tous conservés à la BnF Richelieu, de même que les pièces de monnaie.

Pour tout détail pratique concernant les lieux et les heures d'ouverture, cliquez ici (informations pratiques).

Pour avoir accès à la salle de lecture du site Richelieu, il faut une carte de lecteur.
Cliquez ici pour tout détail sur les modalités d'obtention de la carte de lecteur pour le site Richelieu.

Les lecteurs peuvent demander l'autorisation de consultation de manuscrits ou de microfilms en envoyant un courrier électronique au Département des manuscrits.

2. Musée Guimet

2.1 Collections du musée Guimet

Ce musée conserve les peintures de Dunhuang et de nombreux objets, dont les statues, peintures et bannières provenant des divers sites de la Route de la soie. Certains d'entre eux sont en exposition permanente dans les salles du musée. On les trouvera reproduits en deux volumes : Les Arts de l'Asie centrale et La collection Pelliot du musée Guimet (Kodansha). Le musée Guimet conserve aussi 1 524 photographies en grande partie prises par Nouette ; des milliers de pièces de monnaie récoltées par l'expédition ; et enfin, les carnets de notes détaillés de Pelliot, où il notait toutes ses découvertes, ainsi que chaque inscription rencontrée.

2.2 Accès au musée Guimet

Le musée est ouvert de 10 h à 18 h tous les jours sauf le mardi. Pour toute information et contact, voir le site du musée Guimet.

Collections françaises sur le site IDP

La BnF et le musée Guimet sont membres fondateurs de l'IDP. Une bonne partie de leurs collections est désormais numérisée, et disponible en ligne.

Number of Manuscripts by Language/Script on IDP in France as of 26/04/2024

Bibliographie

Consultez cette page pour tout détail concernant les publications sur les collections du musée Guimet par le Collège de France / Centre de recherche sur l'Asie centrale et la Haute-Asie.

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